Je suis allée en RH sans forcément être passionnée, ça ne me dégoutait pas non plus, mais ce n’était pas une vocation !
Pricillia
Tendresse : Bonjour Pricillia comment vas-tu ?
Pricillia : Ça va super merci et toi ?
Tendresse : Très bien merci ! Encore merci d’avoir accepté mon invitation ! Et vu que cette interview est adressée à des entrepreneurs et porteurs de projets, soit le plus transparente possible.
Premièrement j’aimerais que tu te présentes, et que tu nous parles un peu de Pop My Deco pour ceux qui ne te connaissent pas !
Pricillia : Je suis décoratrice d’intérieur, aujourd’hui je suis plutôt basée en Ile de France. Mais j’accompagne des particuliers aussi bien en IDF, en France qu’à l’international. Je les accompagne dans la redécoration de leur intérieur : quelqu’un qui habite depuis un moment dans son intérieur et qui en a marre, ou qui va acheter ou louer un appartement et souhaite repartir de zéro en définissant les espaces, les meubles etc …
Tendresse : Ok très bien, et cela fait combien de temps que tu exerces ?
Pricillia : Officieusement depuis 2016 et officiellement, la création de la société a été faite en 2018.
Tendresse : Ok parfait ! Du coup, peut-on faire un flash back, avec un petit retour en arrière. Peux tu nous dire si tu étais prédestinée à devenir décoratrice ? Qu’avais tu pris comme filière à l’école ?
Pricillia : Pas du tout, et comme tout le monde je regardais les émissions de Stéphane Plazza ou Valérie Damido, j’aimais bien, mais je ne me voyais pas forcément faire ma carrière là dedans étant donné que j’ai plutôt un parcours en ressources humaines. J’ai d’ailleurs effectué deux master en RH, puisque je voulais m’insérer facilement dans le marché du travail ! Et c’est à la fin de mon parcours scolaire que j’ai eu la révélation de la décoration d’intérieur, pas comme métier mais pour son impact sur le bien être !
Tendresse : Alors excuse moi, mais vu que tu nous dis que tu étais dans les RH… Tu t’es mise dans les RH par vocation ou « comme ça ? »
Pricilia : Alors franchement c’est comme tout le monde je pense, on a des bonnes notes, on arrive à la fin du lycée, on nous dit de choisir une filière, on regarde ce qu’il y a, on voit du commerce, on voit un peu de tout… C’est ainsi que je suis tombée dans les RH.
D’abord, j’ai fait du commerce, mais ça ne m’a pas plu, j’ai arrêté d’aller en amphi au bout de 4 mois.
Je me suis laissée une année pour réfléchir, mais j’étais tellement dégoutée du discours qui était tenu en cours, au niveau du commerce que je me suis réorientée dans l’opposé : dans le social, et j’ai réalisé un BTS économie social et solidaire. C’est un peu un métier voisin d’assistante social si tu veux, mais au terme de ce BTS, je me suis dit que c’était un peu trop social à mon goût !
Ça demandait d’avoir un certain recul, car quand tu fais ces métiers, en rentrant à la maison tu es obligée de laisser cela derrière toi, et ça j’étais incapable de le faire. Je me suis donc dirigée sur un entre deux qui sont les ressources humaines. Il y avait ce côté où il fallait trouver des pépites lors des recrutements, puis ce côté un peu social aussi, mais bon je n’étais pas passionnée, je me suis dit que c’était un métier qui ferait l’affaire.
Tendresse : Est ce que tu trouves que les jeunes du coup, sont mal orientés, ça voudrait dire que les gens font des métiers qui ne les plaisent pas forcément ?
Pricilia : C’est même pas qu’ils sont mal orientés, c’est qu’ils ne sont pas orientés du tout, et je pensais qu’avec le temps ça allait s’arranger, notamment avec le digital, internet etc
Et finalement pas tant que ça… moi j’ai des petits frères qui ont 17 ans, donc on a 14 ans d’écart, et je me rends bien compte qu’ils ont les mêmes problématiques que moi, à finir le lycée et à ne pas savoir où aller, et à ne pas connaitre tous les métiers qui sont à leur portée.
À ce propos, ma petite sœur, qui est au lycée, je lui ai demandé de proposer à son prof principal que je vienne parler de mon parcours en RH mais aussi en décoration pour que les autres étudiants puissent faire des journées découvertes et le prof n’a même pas relevé ma proposition… On voit bien ici l’investissement à ce sujet réalisé par l’éducation national ! L’avenir des jeunes ce n’est pas leur préoccupation!
Tendresse : Du coup ça ne devrait pas créer des frustrations, avec des personnes qui font des métiers dans lesquels ils ne sont absolument pas épanouis ? et peut être potentiellement inciter les jeunes à devenir influenceurs car ils ont l’impression que c’est le métier à la mode, où visiblement tu ne te fatigues pas, vu qu’ils sont mal orientés et qu’ils n’arrivent pas à savoir ce qui pourrait les rendre heureux ?
Pricillia : Je ne sais pas qu’ils vont tous s’orienter vers ce type de job, mais vu de l’extérieur effectivement c’est attractif, ça fait argent facile, beaucoup de visibilité, de notoriété. Je pense que c’est une question de tempérament, de personnalité et d’éducation au niveau de la sphère familiale… Mais c’est sûre que ça va générer des frustrations, de plus en plus de personnes se réorientent.
Moi après seulement 3, 4 ans dans les RH j’ai changé de voie. Et cela va arriver de plus en plus, ce n’est pas forcément un mal, j’aime à dire qu’on a pas qu’une seule vie dans une vie. Moi aujourd’hui je suis décoratrice, ça ne m’étonnerait pas que dans 10 ans je fasse autre chose.
Je me suis dit « Oula » ça vient juste de commencer et des gens vont décider pour moi, ce que je vais faire pendant plusieurs mois ou plusieurs années !
Pricillia
Tendresse : Très bien, donc concrètement tu n’y étais absolument pas destinée à la déco, mais alors qu’est ce qui t’a poussé à la décoration d’intérieure ?
Pricillia : Juste après mon second master, j’ai fait deux mois à Toronto pour améliorer mon anglais et j’avais tellement entendu des discours « c’est compliqué quand on est une femme, et d’autant plus quand on est une femme noire issue des quartiers populaires de s’insérer dans le marché du travail, car j’habitais dans le 93 et j’avais décidé de faire deux master et d’améliorer mon anglais même si je n’avais pas forcément les moyens, j’ai fait en sorte de payer les cours pendant deux mois puis en rentrant je me suis dit que j’avais mis le paquet et que normalement ça ne devrait pas être trop complexe de trouver un emploi. D’autant plus que j’avais fait 3 ans d’alternance, chez Orange qui est une belle vitrine sur le CV !
Cependant, je me suis prise une grosse claque, la vraie claque de la vie, car j’ai commencé à postuler beaucoup avec un fichier Excel où je répertoriais toutes mes candidatures, et je suis arrivée à 400 candidatures, et après 6 mois je n’avais toujours pas trouvé d’emploi. À peine 3, 4 entretiens ou soit on me disait non, ou soit on ne me donnait pas de nouvelles.
J’ai eu une grosse remise en questions sur mes compétences, mon utilité dans cette société, avait je vraiment trouvé ma place ? et j’habitais à ce moment là dans un studio étudiant qui ne paie pas de mine, mais je m’en fichais car j’étais souvent à l’extérieur donc il ne me servait que de dortoir. Le reste du temps j’étais avec mes amis, je sortais etc…
Et quand je me suis retrouvée au chômage, j’ai été confrontée à cet environnement tous les jours, le matin, le soir et ça commençait à me saouler quand je voyais ces meubles que je n’avais pas choisis puisque c’était les meubles de la résidence, qui étaient plutôt imposants et plutôt moches, ce sol qui était rouge, je ne sais pas pourquoi ils avaient décidé de faire un sol rouge, c’était immonde… Un jour j’ai dit ça suffit, j’en ai déjà marre de ne pas trouver de boulot, je ne vais pas en plus subir mon environnement, du coup même si je n’avais pas de moyens car je n’avais plus la CAF pour payer une partie de mon loyer puisque j’avais trop touché en alternance soit disant… La résidence interdisait de faire des trous dans le mur, et je me suis dit que je m’en fichais complètement, je suis allée à Leroy Merlin, j’ai pris un sol souple imitation bois, un pot de peinture, des rideaux et j’ai fait ces 3 changements là et même si je n’avais pas trouvé de boulot finalement ça a eu un impact sur mon humeur, c’était magique !
Il y a vraiment un impact sur le moral, ce n’est pas juste pour faire jolie, ou dépenser pour rien… Ensuite j’ai commencé à aider mon entourage tout à fait gratuitement, ma mère, mes tantes sans forcément en faire un métier mais plutôt pour partager la bonne nouvelle et que d’autres aient la même révélation que j’ai eue par rapport à la déco, puis j’ai créé ma page Facebook où je commençais à partager mes conseils déco, des astuces… Je partageais mes avant/après et ça a commencé à prendre de l’ampleur.
Parallèlement à ça, j’avais fait une demande sur un post sur Facebook, pour savoir qui voudrait une prestation de décoration d’intérieure gratuite et une ancienne élève de mon lycée avait répondu oui. Elle faisait de la coiffure à domicile et j’ai fait sa déco gratuitement… Ses clients demandaient, qui lui avait fait sa déco et elle a parlé de moi. Ils me contactaient en me demandant quels étaient mes services, mes tarifs, mais je n’avais pas de structure, je n’avais rien, et j’ai commencé à le faire gratuitement… sauf que cela devenait de plus en plus prenant, et je me disais bon on va quand même dédommager le déplacement… Je commençais à demander un petit 50 euros, 60 euros, bref rien de transcendant non plus et entre temps j’ai trouvé un poste dans les RH et c’est courant 2017/2018 que mes collègues RH m’ont dit mais Pricillia pourquoi tu ne créés pas ta société ? Moi j’avais la flemme, je n’étais pas dans le mood d’en faire une activité, faire des devis, des factures, prospecter, moi j’ai fait toutes mes études en RH ce n’était pas pour faire autre chose à côté… J’étais calibrée comme ça. Petit à petit j’ai commencé à avoir des demandes de plus en plus fréquentes, et ne voulant pas être épinglée par le fisc j’ai fini par être intéressée par la micro entreprise. J’ai créé ma micro entreprise en 2018, mais finalement ce n’était pas très compliqué, tu fais ta création en ligne, si tu ne fais pas de CA tu ne paies rien, si tu en fais tu paies un pourcentage fixe, bref pas de comptabilité et moi ça m’arrangeait. Je ne voulais pas en faire une vraie activité, c’était vraiment pour régulariser le truc et sans faire exprès petit à petit j’ai commencé à structurer les choses, c’est-à-dire créer des packs, des vrais offres, me créer un Instagram et parler de mes offres pour moi c’était un à côté, comme faire de l’aquarelle le dimanche. Je ne me voyais pas switcher et en faire une activité principale !
Le vrai déclic est arrivé deux ans après le poste en CDI…
J’étais consultante en RH, c’était un peu comme de l’intérim de luxe, j’étais en CDI donc ma boite allaient chercher des missions, des projets dans des grands groupes, par exemple Total, Orange etc et selon les profils, ils nous missionnaient sur ces projets, ça pouvaient être des missions de deux mois ou 3 ans. Le problème étant que je n’avais pas mon mot à dire, et je ne l’avais pas bien compris car tout s’était bien passé au niveau de ma première mission. On fait profil bas, on regarde comment ça se passe et on m’avait mis dans une mission qui m’avait plu. Mais après deux ans j’avais demandé à changer de mission car je suis une personne assez curieuse.
Sauf que, sans me demander mon avis ils ont voulu me missionner à 1h30 de chez moi, 1h30 en bouchon bien sûr, sinon ce n’est pas drôle, 1h30 matin et 1h30 le soir !
Sans être payée plus et pour une mission qui ne me plaisait pas du tout car c’était dans la paie et pour moi la paie ça ne fait pas partie des RH, même si tout le monde l’inclut dedans. Moi j’avais déjà dit dès le départ que la paie ça ne m’intéressait pas, et on m’a bien fait comprendre qu’il fallait que je la ferme en bref, et que je fasse la mission car ce n’était pas à moi de décider !
Je me suis dit « oula » ça vient juste de commencer et des gens vont décider pour moi, ce que je vais faire pendant plusieurs mois ou plusieurs années !
Je ne pouvais pas faire ce job, être à la merci des gens, être un pion sur l’échiquier, et j’ai eu un gros moment de remise en question, qui a débouché sur une demande de rupture conventionnelle car en parallèle de ça, la décoration me procurait 100 fois plus de plaisir, parce que, j’étais libre, parce que je trouvais du sens à ce que je faisais.
Je voyais que le client avait un problème et je leurs apportais une solution, je me sentais vraiment utile… J’ai donc eu un déclic et j’ai demandé une rupture conventionnelle qui a malheureusement été refusée. Je voulais me lancer dans la déco après deux ans finalement !
Je voulais me lancer dans la déco à 100% mais je ne voulais pas le faire n’importe comment si tu veux, je voulais quand même avoir la sécurité de pole emploi et sans une rupture conventionnelle ce n’était pas possible.
Malheureusement la démission n’ouvre pas le droit au chômage.
L’abandon de poste permet d’ouvrir les droits au chômage mais je ne voulais pas tomber dans l’abandon de poste !
En devenant indépendante plutôt que salariée pour cette boite, je suis passée à un salaire brut d’un peu moins de 3000 euros par mois à un salaire brut à 10 000 euros par mois.
Pricillia
Et j’ai commencé à chercher autour de moi des CDD, sauf que j’avais un préavis de 3 mois à faire et je me suis demandée comment j’allais faire, puis finalement c’est un ancien client chez qui ça s’était bien passé, qui m’a proposé de me prendre, c’était une sorte de CDD où j’allais perdre en revenus. J’étais à plus de 39K par an, et j’allais perdre 10K, j’étais prête à faire ce sacrifice là et je leur ai donné mon accord !
Finalement la dame me recontacte en me disant “Pricillia je ne peux pas te payer que ça, je connais tes compétences, on a beaucoup entendu parler de toi, on a eu l’occasion de travailler ensemble… Je te propose de te prendre en indépendante… ” J’étais surprise de cette demande car être indépendant à mon âge ce n’était pas très courant, généralement il faut avoir 10 ans de boite avant de pouvoir prétendre à des missions en indépendant. Non seulement elle me prend en indép mais en plus la rémunération jour était assez conséquente, ce jour là j’étais très surprise, j’étais dans les transports en plus quand elle m’a annoncé ça, ça m’a triplé mes revenus, c’est-à-dire que je suis passée à un salaire brut d’un peu moins de 3K euros par mois à un salaire brut à 10K euros par mois.
Je me suis dit whaou, c’est une superbe opportunité donc je l’ai saisie !
La première année était à temps plein, j’avais pas mal de projets notamment mon mariage, je me suis donc dit qu’on va continuer en temps plein et intégrer la déco quand je peux le soir !
Par contre, la deuxième année, j’ai demandé de passer à temps partiel… Donc je travaillais avec eux plus que le lundi, mardi mercredi, cela me laissait jeudi, vendredi, les weekends et les soirs pour bosser sur la déco. Et c’est bizarre, mais tout le monde pourrait croire que le fait de passer à 10k euros par mois m’aurait fait changer d’avis sur la déco pour finalement rester dans ce poste là être indépendante en RH, mais non, j’avais toujours mon idée en tête, finalement l’argent ce n’était pas mon moteur !
Tendresse : Mais j’ai une question, est ce que ton conjoint t’as dit “oh mais reste un petit peu comme ça on peut coffrer pour nos projets” ou pas du tout ? ou au contraire il t’a dit, “vas-y fonce, tu aimes la déco, il ne faut surtout pas hésiter” ?
Pricillia : En fait il est entre les deux. C’est plutôt moi qui ait un projet d’achat de maison, lui l’appartement ça lui va, et il m’a dit si tu veux vraiment t’acheter une maison pourquoi tu ne restes pas le plus longtemps possible en RH ? mais il était plutôt partant car il voyait que les RH le matin j’avais du mal à me lever, ça me saoulait, j’attendais le weekend avec impatience, les vacances etc alors que par contre la déco j’étais là jusqu’à 2h 3h du matin sans problème et je ne rechignais pas ! Lui il était plutôt à me dire de pousser le plus possible et dès que je suis partante, me lancer quoi !
Tendresse : Mais malgré que tu étais indépendante dans cette boite ils t’imposaient quand même des horaires, une structure, comme une salariée ?
Pricillia : C’est ça ! En fait, j’avais un contrat d’ indep, une rémunération d’ indep mais en terme de rythme de travail j’étais comme un salarié lambda… Il fallait que je me rende au travail entre 8h et 9h30 et je partais entre 18h et 19h30. J’ai trouvé un peu de soulagement à cause ou grâce au confinement, qui m’a permis de gagner du temps et de rester chez moi pour pouvoir avoir un peu plus de temps pour moi et travailler sur la déco !
Tendresse : Tu prends finalement la décision de réduire ton temps de travail avec eux… c’était durant le confinement, donc tu n’as pas eu à gérer la baisse d’activité durant le confinement… Quoi que, j’ai entendu dire que le milieu de la déco n’a pas souffert du confinement car au contraire les gens restaient chez eux h24 et ont compris justement l’importance d’avoir une bonne décoration pour s’y sentir bien !
J’ai doublé mon chiffre d’affaires pendant le confinement !
Pricillia
Pricillia : Effectivement, je n’ai pas du tout souffert d’une baisse d’activité durant le confinement moi aussi j’y ai cru !
Quand est arrivé le confinement je me suis dit “mince, il y aura pleins de personnes qui seront en chômage partiel ou qui vont perdre leur emploi et plus personne n’aura d’argent et ne prendra mes prestations… Mais c’était tout le contraire ! En fait eux mêmes ont vécu la révélation que moi aussi j’avais eue il y a quelques années. Si tu travailles h24 chez toi et qu’un papier peint se décolle, tu n’y prêtes pas attention et tu te dis que tu verras ça plus tard , mais quand tu travailles h24 chez toi, et que tu le vois tous les jours, ça commence à sérieusement te prendre la tête et c’est justement pour cela que j’ai eu pleins de demandes et fait mes meilleurs chiffre d’affaires. En étant à temps partiel j’ai fait des 5K/6K euros de chiffre d’affaires dans la déco ! En effet, auparavant j’étais plutôt autour de 2k, 3k…
J’ai donc doublé mon chiffre pendant le confinement! Ça a été une belle surprise et je me suis demandée comment j’allais m’organiser car la plupart de mes clients sont en IDF et mes prestations demandaient des déplacements. Mais au final vive zoom, j’ai réadapté ma manière de travailler !
J’ai dû faire un travail de pédagogie et les rassurer et ils se sont rendus compte que même à distance on peut effectuer la prestation ! Ils n’ont pas reporté après le confinement leur projet bien au contraire !
Tendresse : Super, et comment tu vis la concurrence sur ce secteur ?
Pricillia : La concurrence on ne va pas se mentir, il y en a beaucoup, surtout depuis qu’il y a pas mal de publicités sur ce métier à la tv et surtout qu’en plus c’est un métier où le diplôme n’est pas nécessaire. On pense souvent en France qu’on est obligée de faire une école, d’avoir un diplôme… c’est très franco français, de se bloquer à cause d’un papier… donc oui la concurrence existe, je fais avec, je regarde de temps en temps ce qui se fait mais pas trop non plus, pour ne pas trop m’en inspirer car c’est une prestation de service un peu particulière. On s’introduit dans la vie des gens, on apprend à les connaitre, il y a beaucoup d’humains et de social, et pour moi ce qui va me démarquer de la concurrence, c’est ma personnalité, c’est ma manière d’aborder les projets, de comprendre le client, d’apprendre à le connaitre et lui faire vivre une expérience au point de lui faire oublier qu’ il paie une prestation. Je suis un peu la bonne copine qui va l’aider dans son projet.
Pour moi, c’est comme ça qu’on se démarque dans cette activité, car on propose un peu tous la même chose et on a vite fait de se tromper car aujourd’hui il y a aussi bien des architectes et décoratrices d’intérieur, mais il y aussi des services en ligne qui proposent des tarifs très compétitifs. Un jour j’étais tombée sur une entreprise qui avait eu l’occasion de passer sur M6 dans Capital, et je me souviens que je n’étais pas bien, parce que je me suis dit whaou, tout le monde regarde Capital, c’est mort, personne ne va me demander un devis, surtout qu’il proposait des tarifs 3, 4 fois moins élevés que les miens. Le niveau de service n’était pas le même, mais moi je le sais car je suis dans le domaine, mais un client lambda qui veut refaire chez lui, il n’a pas ce niveau de conscience, ce niveau de lecture, il ne voit pas entre les lignes, il voit juste un prix, et pense qu’il s’agit simplement de visuels 3D et puis basta, alors que le niveau de conseil, de prestation, de suivi, n’est pas du tout le même !
C’est vrai qu’après leur passage sur capital j’ai dû me justifier un peu plus si tu veux et argumenter sur ma valeur ajoutée, ce n’était pas évident et je le fais encore. Je suis consciente que sur le marché il y a des gens qui cherchent uniquement un prix et ceux-là clairement tant mieux, je ne les veux pas, et t’as des clients ils vont plutôt chercher un niveau de service, une expertise, un échange, et ils me disent clairement c’est avec toi que je veux travailler et je ne veux pas regarder ailleurs, d’ailleurs je n’ai pas demandé d’autres devis. À partir du moment où tu arrives à faire ça, c’est banco !
Tendresse : Très bien, mais du coup tu es toujours en indé, vs décoratrice d’intérieur ou tu as arrêté ?
Pricillia : J’ai arrêté fin septembre 2021, donc c’est tout récent !
C’était un peu facile à prendre comme décision car là où j’étais l’activité avait fortement baissé et du coup au niveau de ma mission, il n’y avait plus trop de choses à faire…
J’aurais pu négocier pour rester un peu le temps que ça reprenne, parce qu’il y avait un projet qui devait se faire et il ne s’est pas fait ! J’en ai profité pour me dire que c’est le signe que je dois partir, et je suis partie fin septembre du coup.
Tendresse : Ah bah tu aurais peut être continué si ça n’avait pas été le cas…non ?
Pricillia : Je ne sais pas, en fait j’aurais peut être pu continuer car il y avait un projet où on repartait de zéro, où il fallait implémenter un nouveau logiciel, où il y avait pleins de challenges, par rapport à d’autres projets, comme c’était un peu différenciant de ce que je fais d’habitude, j’aurais sans doute continué, car j’aime bien me tracasser la tête et ce genre de projet on se casse bien la tête, mais il n’y avait pas de raisons que je reste au fond !
Tendresse : Donc là du coup tu es en temps plein sur Pop my Deco depuis deux mois ?
Pricillia : C’est ça et depuis Mai, j’ai transformé la micro entreprise en EURL donc en société, même si ça me fait des charges en plus, parce qu’il y a le comptable à payer, il y a beaucoup de choses à payer, mais pour moi c’était important de faire ce switch là, car je me disais de 1) de passer de micro à société ça te fais une pression de plus car tu te dis, on va augmenter le C.A, on va augmenter les prix, parce que sinon ça ne va pas le faire, alors qu’en micro t’es un peu en mode peper on se laisse porter, pas beaucoup de charges, et de 2) j’ai des projets pour Pop my Deco qui vont nécessiter que je prenne différents services en lignes, différents logiciels et en micro toutes ces charges là on ne peut pas les déduire. J’ai donc préféré anticiper et faire le changement dès maintenant.
Tendresse : Mais pour indé et Pop My Déco, les deux, tu étais en micro ?
Pricillia : Alors non, quand j’ai commencé en indé, j’étais en SASU. Et en déco j’étais en micro, car pour la facturation ça aurait été complexe car ce sont deux activités beaucoup trop différentes et en indé j’avais de toutes les façons dépassé les seuils de C.A autorisés pour ce type de statut.
Tendresse : Peux tu me citer 3 avantages et 3 inconvénients du fait d’être à son compte ?
Moi ça ne me faisait pas vibrer d’aller dans un boulot qui ne me dégoutait pas non plus d’y aller, mais ça ne me passionnait pas plus que ça de connaitre la vie de mes collègues plus que celle de mon entourage, car je me levais à 6h et je rentrais à 20h et je me disais que je n’ai pas d’enfants pour l’instant, mais est ce que quand j’aurai des enfants ça me conviendrait cette vie ?
Pricillia
Pricillia : Les 3 avantages d’être à son compte, je dirai déjà la liberté, donc la liberté d’organisation, car moi par exemple me lever à 6h ce n’est pas possible ! Je préfère me lever à 9h du mat car je suis plutôt active le soir, c’est-à-dire qu’à partir de 17h jusqu’à 1h 2h du matin, c’est là que je serai très créative et que je vais abattre plus de travail. Aussi j’ajouterai la liberté de choisir ses missions, quand on est salarié finalement on a pas trop notre mot à dire, on peut être force de propositions mais on doit toujours agir dans un certain cadre, alors qu’à son compte on peut refuser certains projets ou dans la manière de packager des offres, il y a des choses que je ne fais pas comme certaines décoratrices car c’est moi qui l’ai choisi. Le deuxième avantage je dirai se challenger, se dépasser, car au niveau des revenus c’est fluctuant, donc quand je dis challenger, c’est aussi bien de manière positive que négative car il y a des mois où l’on fera des C.A incroyables, et puis le mois d’après on va faire moins bien, soit parce qu’on a pas assez prospecté, soit parce que notre communication était assez timide, soit parce qu’on était en vacances tout simplement, donc ça nous force à anticiper. Moi par exemple je me suis mariée récemment et j’envisage de faire ma lune de miel en 2022 donc il faut que j’anticipe le fait que pendant 3 semaines je ne serai pas là , et que du coup tout sera en stand by mais c’est super se challenger et toujours se renouveler. Chaque année je mets en stand by l’activité et je mets en off mon site internet, pour prendre du recul par rapport à mes prestations. Il faut que je vois ce qui marche ou ne marche pas, qu’est ce qui me fait vibrer ou qu’est ce qui ne me fait pas vibrer.
Peut être qu’il y a des services que je vais retirer, peut être qu’il y a des prix que je vais augmenter aussi et 3e avantage je dirai trouver du sens à sa vie, car finalement on est sur terre pour faire quoi ? moi ça ne me faisait pas vibrer d’aller dans un boulot qui ne me dégoutait pas non plus d’y aller, mais ça ne me passionnait pas plus que ça de connaitre la vie de mes collègues plus que celle de mon entourage, car je me levais à 6h et je rentrais à 20h et je me disais que je n’ai pas d’enfants pour l’instant, mais est ce que quand j’aurai des enfants ça me conviendrait cette vie ? est ce que ça me convient de ne finalement pas voir mon enfant grandir. On est que de passage, on l’a bien vu avec le COVID avec toutes les personnes qui nous ont quittées, et pourtant elles étaient bien jeunes, et du coup est ce que c’est ça que j’ai envie de vivre ? eh bah non, même si ça veut dire gagner moins au début, je préfère faire ce sacrifice et vivre pleinement et me sentir utile, avoir du sens dans ma vie. Mais après je pense que le sens c’est propre à notre génération, car les anciens, la notion d’accomplissement de travail ce n’était pas trop leur truc, eux c’est plutôt la sécurité, avoir un salaire, pouvoir payer les factures, pouvoir mettre à manger sur la table, et est ce que ça me plait ou pas ? je ne pense même pas qu’ils se posaient la question !
Je pense que ça devait leur travailler l’esprit « oh ça me saoule » mais je ne pense pas assez pour qu’ils puissent oser changer de voie. Ma mère quand je lui ai dit que je lâchais mon poste très bien payé pour devenir décoratrice, elle n’a pas compris, elle m’a dit “mais qu’est ce que tu fais c’est n’importe quoi, ce n’est pas un métier, est ce que tu vas en vivre…”, bref, ça ne m’a pas surprise c’est une réaction logique de sa part, moi je laisse parler je fais mes affaires, si je dois prendre un mur je prendrai un mur mais j’ai envie de vivre pleinement ma vie !
Tendresse : Très bien et du coup les 3 inconvénients si tu devais en citer ?
Pricillia : J’ai des jours où j’ai la flemme, il faut s’avoir s’organiser et se botter le cul même quand on a pas envie de bosser qu’on est pas dans le mood… Aujourd’hui je me suis réveillée je n’ai pas assez dormis, aujourd’hui il fait beau je préfère sortir dans un restaurant mais en même temps je suis en retard sur un projet, donc en fait non, il faut se cadrer et parfois il y a de l’isolement aussi quand on est solopreneur. Heureusement qu’il y a des groupes comme le tient Mave, même si ce ne sont pas des gens qui font les mêmes activités que nous, on peut poser des questions, partager, échanger, c’est pas mal et ça permet un peu de casser cet isolement ! Deuxième inconvénient… les charges, c’est abusé, l’état ils nous ponctionnent c’est vraiment des hold up, c’est à se demander si l’on veut vraiment qu’il y ait des entrepreneurs en France, comment tu peux avoir 5K euros et sur ces 5K tu te retrouves avec la moitié voire moins ! C’est frustrant !
Tendresse : C’est un racket organisé, mais d’un autre côté ça pousse à aller toujours plus loin ?
Pricillia : C’est vrai mais franchement il serait bien qu’ils nous soulagent un peu car c’est une prise de risques d’être à son compte car si on se casse la gueule on a pas de chômage, la retraite à se demander si elle sera intéressante, si j’ai des enfants je me dis que mon congé mat’ je peux l’oublier… Il faut qu’on prenne des assurances tiers pour se couvrir au niveau des imprévus, là où on devrait te récompenser de prendre des risques, ici tu n’es pas récompensé, tu prends juste des risques c’est tout !
Et franchement au moment des déclarations d’impôt ça m’énerve franchement !
Tendresse : Je te comprends parfaitement, c’est pourquoi il faut se construire des matelas de sécurité, des sources de revenus passifs, développer l’activité assez pour qu’elle soit fructueuse et te permette de préparer ton avenir, et surtout se faire accompagner pour payer moins d’impôts, pour optimiser…
Pricillia : C’est sur qu’il faut se faire accompagner car c’est tellement opaque… J’ai l’impression qu’ils font exprès de mettre des petites cases partout, des phrases alambiquées, pour que personne n’y comprenne rien à la fiscalité… En même temps ils ne vont pas nous faire un tuto « comment payer moins d’impôts » coche cette case et tu vas économiser 3000 euros ? (rires)
Quand tu lances ta boite, tu as dans ton entourage certaines personnes qui sont jaloux, car tes ambitions leurs rappellent leur propre inactivité. Ces personnes ne souhaitent parfois pas te voir t’élever.
Pricillia
Tendresse : Exactement, des fois ce sont des informations toutes bêtes qui te font économiser des sommes intéressantes, tout est dans le fait d’être bien entouré et de bien se faire accompagner sinon on travaille à la sueur de notre front pour se faire racketer !
Pricillia : Le 3e inconvénient… Je dirai que c’est l’entourage, c’est rare d’avoir un entourage avec pleins d’entrepreneurs surtout quand on se lance et qu’on a en face une population de salariés qui ne comprennent pas ton délire. Après il y a plusieurs types d’entourages, ceux qui ont peur pour toi car ils t’aiment et qu’ils ont peur que tu te ramasses.
Puis il y a celui qui va te dissuader car tu lui ramènes à sa situation. Elle n’oserait pas le faire, et ça la frustre, donc il y a peut être un peu de jalousie, car elle ne veut pas que tu t’élèves, elle ne veut pas que tu sois plus haute qu’elle, et le 3e type de personne c’est celle qui s’en fiche complètement de ta vie et tu te rends compte qu’elle ne doit pas faire partie de ton entourage car elle ne te pose pas de questions, même si ça ne l’intéresse pas l’activité, au moins poser des questions “comment ça se passe ? comment tu le vis?” Pour moi je trouve ça normal, et j’ai eu affaire à tous ces types de profils et souvent tu as envie de dire mais pourquoi tu ne me soutiens pas ?c’est assez déstabilisant.
Tendresse : Alors bilan 2021, as-tu déjà fait un bilan et qu’est ce que tu en retiens ?
Pricillia : Alors je n’ai pas encore fait mon bilan 2021, mais je suis assez fière de moi, car j’ai regardé mon C.A qui est un tout petit peu en dessous de ce que je gagnais salariée.
Je suis fière car c’était une année où j’étais encore en cumul des deux activités indep et déco donc je n’y étais pas à temps plein !
Je suis contente de moi car j’ai fait des choses que je ne pensais pas être capable de faire, comme par exemple introduire tout doucement la formation dans mes services. J’ai fait un atelier, car je recevais pas mal de demandes sur Instagram, sur Youtube, de personnes qui me demandaient comment je m’étais lancée, comment j’étais devenue autodidacte, quelles sont les missions etc, j’ai donc décidé de faire un atelier, pour ces personnes là d’environ 3h et à distance, ce qui permet, pour ces personnes qui souhaitent se reconvertir d’appliquer certaines étapes, par lesquelles je suis passée et réussir leur reconversion. Du coup ça m’a mis dans une nouvelle posture de formatrice où je vais partager mon savoir, mon expérience, mes erreurs, mes réussites et de mes échecs. Cela demande une certaine aisance de parler de ses échecs. Bon, j’en suis pas totalement satisfaite dans le sens où j’attendais 10 participants je n’en ai eu que 2 mais ça reste anecdotique et je vais en lancer d’autres des sessions. En 2022, je vais me lancer dans la formation de particuliers sur des thématiques spécifiques en décoration pour les personnes qui me suivent sur les RS et qui ne prendront de toutes les façons pas de prestation chez moi pour x ou y raison. Ainsi ils pourront réaliser leur décoration en autonomie, à l’aide de ces petites formations. C’est donc une année sympa et révélatrice car je suis passé à 100% et j’ai hâte d’être en 2022 pour mettre en place pleins de choses!
Et surtout bien m’organiser car jusqu’ici c’était un peu anarchique, car je travaillais le soir, le weekend, entre midi et 2 c’était un peu quand je voulais et quand je pouvais, maintenant je dois me donner un rythme, un cadre de travail pour être productive et aussi je ne peux pas être au four et au moulin. J’envisage d’automatiser certaines choses et déléguer !
Je n’envisage pas de recruter de salariés car je ne veux pas rentrer dans ces complexités pour l’instant. Je ferai plutôt appel à des freelances qui seront missionnés pour des tâches précises, car si je veux grandir il faut que je mette cela en place sinon je risque d’être bloquée.
Tendresse : Tu dis que chaque année tu te fais un petit point pour prendre du recul et voir comment améliorer l’activité et je suis assez étonnée car je me demande comment tu fais, quand du business arrive, tu ne sautes pas dessus ?
Pricillia : En terme de communication je vais être moins présente sur mon Instagram et mettre moins d’avant/après, car quand je fais des carroussels, j’incite en disant que pour une demande de devis contactez moi, or là non je vais partager des inspirations, des choses beaucoup plus légères, plus des conseils, pour réduire l’afflux de clients !
Les clients qui vont venir, je vais voir si on ne peut pas le faire plus tard, sauf si c’est vraiment urgent, mais pour certains clients qu’on le fasse dans le mois ou dans deux mois ça ne change rien !
Et il faut que je prenne ce temps où je ne suis pas dans l’entreprise mais sur l’entreprise car on est souvent la tête dans le guidon et c’est important d’en sortir. Si tu ne prends pas du recul et de la hauteur tu ne vois pas ce qu’il ne va pas et ce temps est indispensable. Tout couper, faire un point sur les retours, les prospects, sur moi, comment j’ai vécu les prestations… Par exemple, au début je faisais de l’accompagnement en magasin et j’ai enlevé ça, car ça m’a saoulé, ça ne me correspondait pas du tout. C’est important de revoir ses tarifs, ses messages, en terme de marketing et copywriting, à force d’écouter des vidéos sur des thématiques marketing, tu retournes sur ton site et modifie ton site car tu te rends compte que certains mots, termes, ne donnent pas envie d’acheter.
Il est inutile d’arriver au terme de sa vie et se dire qu’on regrette, qu’on a perdu du temps. La vie est tellement courte et la durée est à la fois déterminée et indéterminée, c’est dommage de ne pas oser surtout qu’avec les réseaux sociaux et internet on a beaucoup d’opportunités.
Pricillia
Tendresse : As-tu d’autres projets ?
Priscillia : Je dirais de la formation, car il y a des gens sur mon compte qui likent tout le temps et regardent tout le temps, mais ne feront jamais appel à mes services, soit parce que selon elles c’est trop cher, ou parce qu’elles aiment se débrouiller toute seule et que mon univers les inspire. Je me dis au lieu de laisser ces gens, peut être n’y aurait il pas du business à aller récupérer, en les aidant à réaliser leur déco de manière autonome ? Peut être que c’est ça qu’elles veulent plutôt que du gratuit mais qui ne permet pas vraiment de réaliser son projet correctement.
Tendresse : Mais j’ai une question, ça te frustre les gens qui te suivent, prennent des conseils, likent tout mais ne font pas appel à tes services ?
Pricillia : Non pas du tout, car si tu regardes mon compte Instagram, je donne beaucoup de conseils, et lorsque je regarde d’autres décoratrices elles ne le font pas. Elles vont surtout te mettre quelques inspirations et des avant/après, mais ça me tient à cœur, car finalement j’ai plus de conseils que d’avant/après, et même s’ils prennent pas de prestation, j’ai eu des prospects car une abonnée qui n’était pourtant pas cliente a parlé de ma prestation à un proche.
Et ça ça m’arrive souvent et d’ailleurs, t’es abonné à un compte qui te plait, qui te donne des conseils, et t’as ton amie qui te dis qu’elle cherche une personne pour sa déco, tu vas lui recommander ce compte, même si t’as jamais été cliente!
En bref, Ça ne me frustre pas, tout le monde ne peut pas être ton client.
Tendresse : D’autres projets hors Pop my Deco ?
Pricillia : Alors c’est en lien avec Pop my Deco, je ne sais pas si je vais le faire je me tâte, c’est en lien avec l’immo. J’aime bien visiter des apparts et maisons, ça serait en parallèle de Pop my Deco de devenir mandataire immo. C’est comme agent immo, mais je n’ai pas à faire les études, je vais dans un réseau et je passe à travers ce réseau pour avoir le droit d’exercer, et eux prennent une commission sur les ventes, des appartements et maisons, et ça me permettrait de faire travailler Pop my Deco. Ça veut dire que je vais avoir des proprio qui souhaitent vendre mais les photos etc ne donnent pas le coup de cœur, donc j’interviens en tant que mandataire, mais je peux les aider à travers Pop my Deco à vendre plus facilement, et je peux faire des ventes croisées si tu veux. Quand ces vendeurs ont vendu leur bien, je peux les aider dans le futur bien qu’ils vont acheter.
Tendresse : Comment ça t’es venue ?
Pricillia : Je m’intéresse beaucoup à l’investissement immo et je regarde des vidéos youtube et je me suis dit, hé bien, ça veut dire qu’on peut faire ça ? comme agent immo mais sans se taper les études qui vont avec… En fait, quand tu rentres dans le réseau, tu paies un espace d’abonnement, un droit pour entrer dans le réseau avec des packages de formation, et tu bénéficies d’une formation immo à la vente, etc, t’as une formation en accélérée, mais t’as pas deux, trois ans de formation en obligatoire comme agent immo. Je me suis dit, c’est pas bête, je pourrai faire des activités croisées et avoir des revenus supplémentaires. Mais c’est une activité très chronophage, il faut faire des visites… Est ce que j’ai envie de faire ça alors que je cherche des revenus passifs ? D’où les formations. Me rajouter une activité où je dois être la physiquement… je réfléchis.
Tendresse : Que dirais-tu à une personne qui n’ose pas se lancer ? car tu es dans le groupe depuis très longtemps, ça fait un petit moment que je suis tes aventures, tes hésitations… Moi je trouve ton parcours inspirant car au final tu étais celle qui hésitait le plus et qui a eu un beau parcours parmi tout ceux qui partageaient beaucoup mais qui n’ont rien mis en place. Que dirais tu à la Pricillia d’avant ?
Pricilia : Même si je disais tout à l’heure que l’état n’est pas sympa… ils ont quand même créent la micro entreprise pour tester son projet, pour voir l’intérêt de l’activité. Au delà des compétences métiers, il y a des compétences entrepreneuriales qu’on a vite fait d’oublier, comme le marketing, la communication, la vente… Il ne pas hésiter à se former là dessus. Mais au départ ne pas se mettre de pression, tester son projet, après il y a la question de la gratuité, est ce qu’on commence à proposer ses services gratuitement pour tester ?
Moi je dirai que ça dépend de la personnalité, de son niveau de confiance, peut être que c’est plus simple de commencer gratuitement si le cadre est posé. Il faut bien expliquer aux clients pourquoi c’est gratuit et que c’est un processus d’apprentissage et si c’est payant le faire avec un tarif avec lequel on se sent à l’aise même si c’est en dessous du marché. Par contre, il ne faut pas faire le pas cher et gratuit trop longtemps car une fois lancé, on aura le syndrome de l’imposteur. Il faut donc tester mais pas trop longtemps, ça dépend de l’activité, mais moi j’ai une vision de prestataire de services. Il faut penser à faire une transition en douceur peu importe le temps que ça prend, moi ça a pris 3 ans car j’avais des projets perso.
Prendre son temps pour valider l’intérêt, que l’activité est pérenne, valider la demande et le positionnement…
Et selon moi se lancer à 100%, c’est quand les revenus génèrent au moins la moitié ou 75% de son salaire pour être à l’aise car si à temps partiel on génère des revenus corrects, à temps plein ce sera encore plus.
Il est inutile d’arriver au terme de sa vie, de se faire des nœuds au cerveau et se dire qu’on regrette, qu’on a perdu du temps. C’est dommage, la vie est tellement courte, la durée est à la fois déterminée et indéterminée, c’est dommage de ne pas oser surtout qu’avec les réseaux sociaux et internet on a beaucoup d’opportunités donc ce serait dommage de ne pas profiter de ce que nos parents n’ont pas eu et de se bloquer. Des fois c’est à cause des diplômes, des enfants,… Ok ce n’est pas évident…
Tendresse : Rien n’est évident !
Pricillia : Toi par exemple t’as eu un bébé et même en salle d’accouchement tu as continué à travailler (rires)
Tendresse : Et là pareil… Je serai dans le même mood. Je ne lâche pas en fait, sinon dans la vie tout servira d’excuse car on a pleins d’excuses de ne pas faire les choses. Même moi j’en ai pleins des excuses pour ne pas agir!
Pricillia : Les revenus souvent ça freine…
Tendresse : Comme tu disais, soit tu t’arranges et tu te mets un filet de sécurité pour sauver ta peau en cas de problème, soit tu fais ça à coté de ton job!
Car c’est vrai que certaines créations d’entreprise, tu ne peux pas le faire à côté de ton job car ça te demandera une présence régulière et des salariés. J’ai une amie qui a du se lancer à temps plein, c’était un salon de coiffure, il fallait des salariés… Tu ne peux pas te dire, je vais faire ça à coté de mon job, c’est pas possible. Mais ça demande de la préparation, elle s’est préparée pendant des années elle mettait de côté et préparait le projet. Aujourd’hui ça fonctionne très bien!
Je ne vois pas pourquoi d’autres arrivent à le faire, car sans rentrer dans les détails elle n’avait pas forcément les conditions où on peut dire « toi c’est parce que tu avais ça…”. C’est une question de motivation et assumer ses choix !
Pricillia : Après, il y en a qui se plaisent dans les deux, garder son boulot de salarié et faire de l’entrepreneuriat!
Tendresse : C’est vrai qu’il n’y a pas de profil d’entrepreneur. Tu peux le faire en source de revenus complémentaires, ou à temps plein. Ça dépend de ce que tu veux. Tant que tu ne te plains pas tous les jours mais en même temps, tu ne fais rien pour que ça change, et que t’es ok avec tes choix c’est bon!
Pricillia : Moi ça me rend dingue les gens qui se plaignent tout en ne faisant rien pour changer leur situation.
Tendresse : Je fais toujours le parallèle avec le couple. Tu appelles tes copines pour te plaindre de ton mec car il n’arrête pas de te tromper mais à un moment donné tu as les cartes en mains. Moi ça me saoule ce genre de comportement car à la fin t’a plus envie de la consoler.
On a tous des problèmes. Bouge toi et prends ta vie en main. J’ai l’impression que parfois, ils attendent une illumination, c’est toi qui provoque ton déclic !
En tout cas merci pour les conseils donnés !
Où peut on te retrouver ?
Pricillia : Je suis présente sur Instagram Pop my Deco, Youtube avec des conseils sur mon parcours, sur Faceboook un peu moins ou sur popmydeco.fr !
Tendresse : Merci beaucoup, je te souhaite de doubler, quintupler, et d’exploser les compteurs pour 2022 !
Pricillia : Merci Tendresse !
Un Commentaire sur “Des ressources humaines à la décoration d’intérieur. Comment Pricillia, de POP MY DECO, a changé de vie en 3 ans.”
Il me fallait me changer les idees au plus vite, je fis quelques changements a hauteur de mon petit budget et sus a ce moment la que la decoration d interieur etait loin d etre seulement un effet de mode, cela avait eu un impact sur mon bien-etre et mon humeur . C’est la premiere fois que je contacte quelqu’un pour des prestations de decoration interieure. Pricillia a su prendre son temps pour m’expliquer les etapes, etre force de proposition tout en respectant mes gouts et en s’interessant a ce que j’attendais. Du premier rendez-vous, aux plans, en passant par l’accompagnement pour le choix des articles en magasin, elle a su se montrer disponible tout en respectant mon budget.