Tendresse : J’ai le plaisir d’accueillir Kadi Camara qui est une entrepreneure dans le transport, on va parler de son parcours et de ses challenges.
Bonjour Kadi, comment ça va ?
Kadi : Bonjour Tendresse, je vais bien merci !
Tendresse : Super, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
Kadi : Oui bien sûr, alors je suis avec Kadi Camara, j’ai monté une entreprise en 2017, de fret maritime et aérien qui se porte plutôt bien. Et depuis trois mois, J’ai monté une autre structure au Rwanda à Kigali toujours dans le fret.
Je n’ai jamais rêvé d’être multimillionnaire. Mais ce qui me faisait rêver c’était d’être entrepreneure.
Tendresse : Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce que tu fais car tu as dit fret mais fret on est d’accord que tu organises donc le transport de marchandises ?
Kadi : Oui exactement, le terme exact c’est commissionnaire de transport donc le commissionnaire de transport, c’est celui qui va organiser le transport pour ses clients. Donc je fais du transport maritime ou aérien ou des fois routier et nos clients sont principalement des industriels ou des ONG
Tendresse : Est-ce que tu peux nous dire un peu plus sur ton passé… on va essayer de revenir en arrière sur la Kadi qui était adolescente, est-ce que tu as toujours eu cette flamme d’entreprendre ? Est-ce que Kadi rêvait de devenir une femme d’affaires multimillionnaire ?
Kadi : Oui, alors multimillionnaire (rires) Je n’ai jamais rêvé d’être multimillionnaire. Mais ce qui me faisait rêver c’était d’être entrepreneure. Moi, depuis que je suis toute jeune, dès le collège, je m’étais toujours donnée une date limite « À mes 40 ans, j’ai ma propre société ». Je ne savais pas du tout dans quoi ou dans quel domaine… Je n’avais aucune vision à ce niveau-là mais je savais qu’à 40 ans je serai à mon compte.
Mon père m’a dit « tu es sure car tu avais un poste et un boulot plus ou moins intéressant », et évidemment ils ont eu peur mais je les ai rassuré.
Tendresse : Est-ce que dans ta famille il y avait des entrepreneurs ou pas du tout ?
Kadi : Pas du tout, enfin je dis pas du tout mais je sais que ma grand-mère du côté Paternel était une Dioula, Les Dioula en Côte d’Ivoire ont la réputation d’être des commerçants. Alors elle se débrouillait avec son petit commerce en Côte d’Ivoire. Mais vraiment entrepreneur au sens stricte du terme, il n’y en a pas. Mes parents ont toujours été salariés jusqu’à leur retraite.
Tendresse : Quand tu as voulu entreprendre ils ont été un peu réticents non ?
Kadi : Oui, moi en fait je suis une tête dure, je fonce d’abord et ensuite j’en parle aux gens. Donc ils n’ont pas été forcément au courant Que j’allais me mettre à mon propre compte. Je leur ai annoncé quand j’avais déjà effectué mon statut et mes démarches, du coup il n’y avait pas de machine arrière à faire. Évidemment ils étaient réticents… mon père m’a dit « tu es sure car tu avais un poste et un boulot plus ou moins intéressant », et évidemment ils ont eu peur mais je les ai rassuré et aujourd’hui je pense que ma mère est fière de ce que je fais. Et même en ayant quitté mon job de fret en tant que salariée je ne savais pas ce que je voulais faire, et c’est pour cela que je me suis dit de faire ce que je savais faire c’est-à-dire du transit. Mais même en faisant autre chose que je ne connais pas, tant que j’étais à mon compte, j’étais satisfaite.
Ah non moi ce n’est pas possible ! Tu décris très bien la situation car j’aime faire tellement de choses différentes. Et ce qui me fait kiffer est la nouveauté je pense.
Tendresse : Alors toi tu n’es pas de ceux qui disent qu’il faut se lancer dans une activité passion ?
Kadi : Alors si quand même, pour mon cas faire une activité de fret reste quand même une activité que je maitrise car je connais ce domaine. J’y suis depuis l’âge de 23 ans, mais j’aurais aimé faire tellement de choses comme faire de la couture, être décoratrice… Mais ce n’est pas perdu c’est quand même des choses qui sont dans ma tête et que je vais sûrement réaliser.
Tendresse : Je vois, je pense que tu es un peu comme moi, nous sommes des personnes qui aimons pleins de choses, et qui voulons réaliser pleins de choses car entreprendre fait partie de nous. Donc nous pouvons entreprendre dans n’importe quoi et aimer ça. Mais c’est vrai que nous ne sommes pas passionnées par une seule chose. Alors que je connais des personnes qui sont passionnées que de cuisine et qui ne vont faire que ça.
Kadi : Ah non moi ce n’est pas possible ! Tu décris très bien la situation car j’aime faire tellement de choses différentes. Et ce qui me fait kiffer est la nouveauté je pense. Car par exemple actuellement, ma société se porte plutôt bien mais je t’assure que des fois j’en ai un petit peu marre car j’ai envie de faire autre chose, d’avoir une activité nouvelle, je pense que c’est une nature chez certaines personnes. Car même avant dans mon ancien poste de salariée, j’avais honte de dire que j’ai eu plusieurs postes dans différents boulots, car j’ai changé tout le temps, tu vois j’ai 44 ans mais je ne suis jamais restée plus de quatre ans dans une même société. Dès que j’avais eu de nouvelles responsabilités je partais, car je suis quelqu’un qui m’ennuie au travail. Et même en tant qu’entrepreneure, j’ai besoin de nouveauté c’est pour cela que je fais pleins de choses à côté, et si je ne le fais pas je peux déprimer rapidement.
Tendresse : Je me reconnais en toi, je pensais même que j’étais folle, je me disais pourquoi je fais ce truc et ça m’ennuie vite.
Kadi : Rires
Tendresse : Et même dans les entreprises lorsque tu recherches un emploi, les entreprises ne vont pas aimer ce profil car ils vont penser que tu es instable.
Kadi : Exactement, tu sais que moi lorsque j’ai commencé à faire du fret, je cachais ce que je faisais avant. J’ai fait assistante de Prod, j’ai travaillé dans un journal etc. et c’est des choses que tu es obligée de cacher car ils ne comprennent pas les gens, elle a été dans l’audiovisuel, dans le fret… et moi aussi je me disais que j’étais folle car quand on regarde mon CV il n’y a rien de cohérent (rires)
Et pendant mon préavis, je cherchais à savoir comment monter une société etc. Et je me suis dit j’essaye.
Tendresse : Est-ce que tu peux nous raconter comment tu as monté ta boîte, et comment tu as rencontré ton associée ? Car apparemment lorsque vous êtes rencontrées ça a été le coup de foudre professionnel.
Kadi : Oui bien sûr, alors tout a commencé lorsque je travaillais pour un transitaire d’origine australienne, c’est un transitaire qui n’existait pas en France et j’ai participé au développement de Son entrée en France. Mon associée était en stage en master et on a sympathisé très rapidement mais bon sans plus en fait si tu veux et moi quand j’ai quitté la société j’ai été débauchée pour développer le service maritime et aérien dans une autre société. Et au bout de deux ans environ, j’étais à Lyon pour travailler dans la société mais j’étais parisienne et j’ai migré à Lyon. Donc au bout de 2 ans comme je disais, il y a eu le décès du chef d’entreprise dans ma boîte. Du coup, il y a eu une restructuration complète de l’entreprise, et c’est à ce moment-là qu’on m’a proposé un poste de technico-commerciale. Dans ce cas, il faut rester à Lyon sinon si tu veux continuer à faire de l’exploitation il faut remonter à Paris. Et vu que j’étais bien à Lyon il était hors de question de remonter à Paris. On m’a laissé quelques semaines pour réfléchir et ma décision elle était déjà prise. Et je me suis dit cela fait tellement longtemps que je veux monter ma boîte, et moi je crois beaucoup aux signes et je me suis dit que c’est pas par hasard que cela m’arrive, et que s’il m’arrive ça aujourd’hui c’est que c’est le moment ou jamais. Et pendant mon préavis, je cherchais à savoir comment monter une société etc. Et je me suis dit j’essaye. Ensuite mon associée était partie au Bénin en expatriation pour une société de déménagement international et est rentrée au bout d’un an. Lorsque tu es expatriée en Afrique c’est maison payée, chauffeur, cuisinier, enfin elle avait la belle vie et lorsqu’elle est revenue à Lyon elle était en totale déprime. Du coup on s’appelait régulièrement, elle s’appelle Ségolène et je lui disais « Ségolène au lieu de déprimer, moi j’ai créé ma boîte et bien viens on fait ça à 2 » ! je lui ai remonté le moral car elle n’était plus du tout motivée à demander un poste en tant que salariée. Du coup au début elle ne savait pas trop si cela allait marcher mais elle m’a quand même rejoint car elle était très intéressée. C’est toujours mieux d’être à deux car vous vous soutenez mutuellement… Car au début c’est très difficile. Puis petit à petit ça a commencé à se développer, y’a un moment on s’est dit, il faut que je sois associée, et c’est comme ça que je me suis associée à Ségolène et ça se passe très bien. Mais on a quand même toutes les deux des caractères assez forts et on s’engueule souvent, mais il y a quand même du respect et on arrive toujours à trouver des solutions.
Je lui ai fait comprendre que ce n’était pas ma société mais notre société.
Tendresse : Mais du coup elle avait quel statut dans l’entreprise ?
Kadi : Au début elle n’avait pas vraiment de statut, car il n’y avait pas grand-chose à faire. Mais elle m’aidait, et je pense qu’elle avait une fibre entrepreneuriale.
Tendresse : Tout à l’heure tu disais on s’engueule etc., mais est-ce que tu penses que ça aurait pu être différent avec un ami, vu que c’était plutôt une collègue de travail. Car dans certaines situations on a peut-être un peu du mal à s’engueuler avec un ami, qu’est-ce que tu en penses ?
Kadi : Non je pense que ça dépend des personnalités, dans notre cas on n’était pas proche mais on se côtoyait pas mal, et aujourd’hui on est vraiment de très bonnes amies, et ça ne nous empêche pas de nous engueuler. Moi j’ai un caractère de cochon mais elle arrive à me tempérer et n’hésite pas à me dire les choses. Elle sait que des fois il ne faut pas me parler car je peux partir en vrille, elle prend le temps. Je pense qu’on est bien différente mais assez complémentaires. Elle c’est une personne très zen, et moi on dirait pas comme ça mais je suis un peu une stressée de la vie, du coup nos caractères sont très différents mais ils se complètent.
Tendresse : D’accord ! moi j’ai déjà vu des associés où il y en avait un qui était plus investi que l’autre, ou qu’ils ne se disaient pas les choses, qu’il y avait des non-dits mais pour votre cas je trouve que c’est beaucoup plus sain, car vous vous dites les choses clairement et cela désamorce les problèmes tout de suite
Kadi : Oui et surtout elle a été là depuis le début. Et qu’on était à 55 / 45 % dès les débuts. Je lui ai fait comprendre que ce n’était pas ma société mais notre société.
Mais on a eu un client à chaque fois c’était compliqué, il fallait courir après les sous.
On peut avoir des factures à 10/ 15 000 € voire même 50 000 € Ça nous est arrivé et si on te paye pas ça peut être très compliqué.
Tendresse : Comment as-tu vécu les mauvais payeurs ?
Kadi : Ah… Ça c’était dur, franchement je touche du bois mais on a quand même assez de chance d’avoir des clients pour la plupart qui nous payent correctement sans trop de retard. Mais on a eu un client à chaque fois c’était compliqué, il fallait courir après les sous, trois fois. Je me suis rendue dans la société à attendre la responsable de la comptabilité, en lui expliquant que je ne suis pas une grosse boîte. Je ne suis pas Bolloré, j’ai besoin que l’on me paye car si je n’ai pas de trésorerie je ne travaille pas. Pour l’instant il n’y a eu qu’ un seul client qui ne nous a pas payé jusqu’à aujourd’hui… Une agence à l’étranger. Mais lui je pense qu’il est en liquidation depuis le covid. Donc on ne sera jamais payé. Ah oui, je me souviens d’une fois où un agent au Nigeria nous l’a faite à l’envers, ça arrive mais ça nous arrive très peu vu que cela fait 4 ans. Sachant que les montants peuvent être très élevés quand on fait le lien du maritime surtout avec les droits de douane etc. On peut avoir des factures à 10/ 15 000 € voir même 50 000 € Ça nous est arrivé et si on te paye pas ça peut être très compliqué.
Tendresse : Ça va vous n’en avez pas eu beaucoup heureusement. Pour mon cas c’est vrai que dans mon ancienne activité, je n’en avais pas beaucoup aussi mais lorsqu’il y en a un c’est assez compliqué car il faut aller chercher l’argent, et j’ai horreur de demander de l’argent, c’était quelque chose que j’avais du mal à faire au début. Me dire que je dois relancer quelqu’un pour être payée pour moi c’était logique qu’il devait le faire de lui-même et que je ne devais pas le faire. Et en étant dans le business en fait, tu comprends que t’as pas le choix, certains c’est de l’oubli et d’autres c’est clairement de la mauvaise foi. Parce que je me rappelle que j’avais un gros client et que lui c’était clairement de la mauvaise foi et quand il ne payait pas dans les temps je le sentais très vite, ensuite j’ai réussi à m’en débarrasser lorsque j’ai bien développé l’activité, et je peux te dire que j’étais soulagée, car tous les mois j’avais la boule ventre parce qu’il ne payait pas dans les temps et tu devais le menacer pour qu’il puisse te payer.
Kadi : De toute façon je pense qu’un mauvais payeur il faut s’en débarrasser tout de suite.
Tendresse : Mais des fois on n’ose pas !
Kadi : Oui c’est vrai, Des fois c’est parce que l’on n’a pas assez de clients pour combler la perte d’un autre client. Mais vaut mieux s’en débarrasser plutôt qu’il te plombe ta société. Mais moi aussi quand j’étais jeune jusqu’à ce que je crée ma boîte, j’étais incapable de réclamer de l’argent. Et même lorsque je prêtais de l’argent je n’osais pas le réclamer pour qu’on me le rembourse. C’est moi qui avais honte de réclamer. Mais depuis que j’ai ma boîte je n’ai aucun mal à réclamer mon argent ça m’a débloqué à ce niveau-là.
C’est normal de réclamer, c’est vrai que ce n’est pas évident mais je n’ai aucun scrupule maintenant. Et même lorsque je ne sens pas la personne, je n’accepte tout simplement pas son dossier
Tendresse : Moi aussi je connais beaucoup de personnes dans cette situation, ils ont du mal à relancer.
Kadi : C’est normal de réclamer, c’est vrai que ce n’est pas évident mais je n’ai aucun scrupule maintenant. Et même lorsque je ne sens pas la personne, je n’accepte tout simplement pas son dossier, car dans certains cas je ne la connais pas et je ne sais pas si elle veut me payer. Ou soit, je mets des garanties avant. Il m’arrive avec des sociétés avec lesquelles je travaille depuis quelques années, je demande toujours à être payée à l’avance avant d’envoyer les documents.
Tendresse : Oui c’est vrai, car des fois tu effectues la prestation de service et ensuite certains clients ne paient pas, c’est pour cela que j’ai demandé à être payée avant car parfois certains ne sont pas respectueux. Mais c’est vraiment pour les personnes qui effectuent des prestations de services, je leurs conseille de ne pas hésiter à Demander leur argent. Vous avez une entreprise à faire tourner alors il faut facturer et il ne faut pas hésiter. Et aussi bien choisir ses clients, car on peut être tenté de travailler avec des clients que l’on ne sent pas forcément. Je me rappelle d’une expérience que j’ai eue, c’était un rendez-vous avec un prospect qui me proposait un bon contrat à long terme si on était amené à signer ensemble, je me suis rendue au rendez-vous et il y avait l’assistante de la boîte. Puis le chef d’entreprise est arrivé avec un retard de 1h30, il est arrivé durant le rendez-vous avec ses AirPods dans les oreilles il ne les a jamais enlevé durant tout le rendez-vous tout en étant sur son téléphone. Il ne me calculait même pas, son assistante était très gênée, et lorsque je suis sortie du rendez-vous j’ai hésité puis j’ai finalement décidé de ne pas accepter le contrat malgré qu’il s’agissait d’un gros contrat. J’ai senti qu’il n’allait peut-être pas me payer. Puis j’ai appelé l’assistante pour lui dire que « par rapport au comportement qu’a eu votre chef je n’accepterai pas le contrat ».
Kadi : oui je pense que lorsque on ne sent pas le Client il ne faut pas y aller. Et je me fie à m’on instinct. Ce n’est pas forcément avec les grosses boites que l’on est forcément le mieux payé car les grosses boites peuvent mettre du temps à payer et d’autres beaucoup plus petites sont des bien meilleurs payeurs.
C’est clairement le comportement d’un petit chef qui est arrivé à ce niveau par hasard et qui martyrise ses salariés.
Tendresse : C’est vrai ! Alors est-ce que tu te souviens de la fois où tu as laissé un message dans le groupe ma vie d’entrepreneur, où tu parlais d’une ancienne amie à toi qui travaillait dans une boîte dans laquelle son patron la fliquait et lui envoyait des messages à 7h du matin, qu’il n’avait pas l’air d’un patron très compréhensif, et tu avais mis un message en disant « voilà pourquoi je ne veux plus être salariée ». Est-ce que tu peux nous en parler ?
Kadi : Oui, c’est clairement le comportement d’un petit chef qui est arrivé à ce niveau par hasard et qui martyrise ses salariés. Ça c’est l’histoire d’une amie qui est restée quand même un petit moment, quelques mois à stresser, elle en a même perdu 12 kg. A cause de ça , je me suis dit que ce n’est pas une vie. Tu peux te déchirer comme ça si c’est ta boîte mais si c’est pour quelqu’un dont en plus ce n’est même pas la boîte, Il est juste responsable, tu n’as pas à parler mal à ta salariée que ce soit ta boîte ou non ce ne sont pas tes esclaves. C’est quelque chose d’assez incompréhensible pour moi. Pour ma part j’ai quand même la réputation de ne pas me laisser faire alors dans cette situation au bout de la première réflexion j’aurais mis les choses au clair directement. J’ai eu une petite anecdote, lorsque je travaillais pour une compagnie aérienne à l’époque. Il y avait une responsable de service dont tout le monde avait peur et dès qu’elle arrivait même lorsque tu n’avais rien à faire les gens faisaient semblant de travailler, ils étaient tous en panique total. Et moi j’étais restée assise sur mon siège et lorsqu’elle m’a vu elle M’a dit « non mais Kadi tu n’as rien à faire ? » et je lui ai dit « on est pas dans un pays communiste qu’est-ce que tu me racontes ».
Tendresse : Ah oui tu lui as vraiment dit ça ?
Kadi : Ah oui clairement, et ça l’a tellement surprise, personne n’osait répondre. Elle est partie furieuse, et quelques jours après elle m’a demandé de faire quelque chose pour la boîte, je ne sais plus ce que c’était et elle m’a dit « tu peux me faire ça même si on n’est pas dans un pays communiste, ça ne te dérange pas ? ». J’ai senti que ça l’a piqué un petit peu, mais moi je ne laisse pas l’occasion à quelqu’un de me parler mal.
Oui ce genre de personne je ne les comprends pas, ils aiment avoir le pouvoir sur les gens, la main mise sur une personne.
Tendresse : Oui c’est vrai il ne faut pas se laisser faire, moi aussi j’avais une collègue qui était censée recevoir des commissions car elle était responsable commerciale. Non seulement elle n’a jamais reçu ses commissions sur tous les contrats qu’elle avait signés depuis le début, Mais en plus le jour où le patron voulait se débarrasser d’elle, il lui a fait la misère. Il lui prenait la tête pour rien du tout, il avait toujours un problème avec elle. Et je me rappelle lorsqu’elle est partie elle était enceinte de jumeaux, et le médecin lui a dit de partir très tôt car avec le stress qu’elle accumulait au travail cela ne pouvait être que mauvais pour sa grossesse. Elle a fini par démissionner de la boîte alors que c’était quelqu’un qui se donnait énormément pour la société. Et dans tout ça elle ne se plaignait jamais. Mais un jour moi aussi je me suis embrouillée avec le patron, c’était un jeune qui venait de sortir d’école et qui avait monté sa boîte grâce à l’aide de son père, car son père avait beaucoup d’argent, il lui avait acheté son appartement et lui a donné les fonds pour créer la boîte… C’était un peu le mec qui a tout eu sur un plateau d’argent et qui pense que les autres sont des serpillières, et qu’il a le droit de te parler n’importe comment. Je me rappelle qu’il a voulu faire ça avec moi mais je ne me suis pas laissée faire, on s’est pris la tête de nombreuses fois. Et une fois il a même jeté son mac par terre en disant que j’étais insolente, car en fait j’étais la seule personne qui lui disait ce que je pensais, c’est pour cela qu’il ne faut jamais se laisser faire, car certains abusent de leur statut.
Kadi : Oui ce genre de personne je ne les comprends pas, ils aiment avoir le pouvoir sur les gens, la main mise sur une personne. C’est un truc que je ne comprends pas. Mais ce qu’ils ne comprennent pas c’est que plus une personne est heureuse au travail plus elle est productive et plus elle n’aura pas envie de quitter la boîte. C’est tellement évident. Et plus tu es mauvais avec tes salariés plus à la première occasion ils auront envie de claquer la porte.
Tendresse : Je ne comprends pas ce type de management que certains tiennent avec leurs salariés.
Kadi : Bien sûr, si tu crains d’aller au travail, si tu as la boule au ventre quand tu y vas, comment tu veux que je sois performant et productif au travail ? Je ne comprends pas, c’est le problème du salariat et souvent les gens hésitent, ne veulent pas voir si l’herbe est plus verte ailleurs, ils sont tellement mal au travail que leur responsable arrive à les faire croire qu’ils ne valent rien et qu’ils ont limite de la chance d’être là. Et du coup ils ont peur d’aller voir ailleurs en pensant que ça n’ira pas mieux alors que pas du tout dès que ça ne va pas il faut essayer de partir. Il y aura toujours des opportunités. Je préfère limite être moins bien payés mais être mieux au travail que d’avoir la boule au ventre tous les jours.
Tendresse : D’ailleurs j’ai une amie qui me racontait qu’elle avait un collègue de travail qui lui disait qu’il voulait s’en aller de la boîte depuis un petit moment mais il n’osait pas partir car il préfère rester dans un endroit qu’il connait plutôt que d’aller voir ailleurs. Mais le mieux est de partir car tu auras forcément mieux et si tu n’as pas mieux tu auras forcément moins pire. Et si tu as pire tu changeras encore. Je me souviens aussi que j’avais un collègue qui était censé être responsable du service client, mais finalement il n’était responsable de personne, mais que de lui-même et passait ses journées à faire des copier-coller sur Excel et le mec restait là quand même sachant qu’il était payé 2000 € et je me disais qu’il se levait tous les matins juste pour chauffer une chaise tout en sachant que ce n’est pas un salaire extraordinaire et tu n’évolues pas ! moi je déteste faire un travail où je n’ai pas l’impression d’évoluer.
Kadi : C’est clair, pour des gens comme nous qui ont changé de boîte assez souvent cela est quelque chose qui est impossible pour nous. Si j’entends quelqu’un qui n’est pas bien dans sa boîte mais bouge ne reste pas. Et pourtant quelques fois j’étais bien dans ma boîte mais ça ne m’a pas empêché de partir. C’est vrai que beaucoup de gens ont peur de chercher ailleurs, de se retrouver au chômage…
Tendresse : Exactement, et pour la petite anecdote j’avais un petit entretien d’embauche et à un moment elle m’a demandé quels sont mes projets. Du coup elle s’attendait à ce que je dise que je veux évoluer dans la boîte etc. Alors que moi quand j’ai effectué les entretiens, j’étais juste là pour que tu me payes et que je puisse acquérir l’expérience nécessaire pour me lancer dans l’entreprenariat donc en fait ta boîte j’en ai rien à cirer. Évidemment, je ne pouvais pas lui dire ça comme ça, du coup je lui ai simplement dit que je voulais créer ma boîte plus tard et elle m’a répondu « non on va arrêter l’entretien tout de suite parce que en fait là vous êtes en train de me dire que dans quelques années vous allez me laisser. » Je me suis dit attends, les employeurs pensent vraiment que les gens de notre génération vont rester et faire 20 ans 30 ans comme nos parents dans une boîte ? Nous on fait 2, 3, 5 ans max ! Et du coup elle a arrêté l’entretien et elle m’a dit qu’il ne fallait pas dire ça dans mes futurs entretiens…
Kadi : Rires
Tendresse : Et bizarrement aujourd’hui j’ai une amie qui me dit que ça ça passe dans certaines sociétés. Parce qu’ils savent que la génération d’aujourd’hui, fait quelques années dans les boites et ensuite ils changent.
Kadi : Mais tu sais je pense que c’est le système anglophone qui arrive de plus en plus, car dans un système anglophone c’est très fréquent que les gens aient des ambitions autre que la boîte pour laquelle ils postulent. Ils viennent, ils travaillent à fond et ensuite ils s’en vont. Mais c’est vrai qu’il y a encore des gens de ma génération qui sont là et qui ont 15 ans de boîte ! Mais comment ils font. Et avant, quand je pensais que j’étais folle parce que je m’éparpillais tout ça, j’enviais ces personnes, je me disais pourquoi je n’arrive pas à rester dans une boîte longtemps, comment ils font, moi je n’y arrive pas, mais en fait ce n’est juste pas mon truc.
Mais au fur et à mesure en l’ayant poussé un peu, je trouve qu’il est en train d’apprécier le métier d’entrepreneur.
Ségolène, Associée de Kadi
Tendresse : Et du coup petite question, est-ce que tu penses que tout le monde est amené à entreprendre ?
Kadi : Non je ne pense pas, enfin je suis mitigée. Car tu vois mon conjoint n’est pas du tout entrepreneur, et c’est quelqu’un qu’on a besoin de pousser un petit peu pour faire les choses. Et même dans sa famille certains sont dans la même boîte depuis 20 ans etc. Et son père a fait sa carrière dans une boîte, ce n’est pas la culture de la famille. Et je pense que ce que je fais il n’aurait pas pu le faire. Mais tu vois actuellement on avait un projet de monter une société, il y a un moment je lui ai dit mais en fait tu fais quoi, moi je bosse OK mais il faut monter le truc… Et il s’attendait tellement à ce que je fasse tout, car c’est vrai que j’aime fouiller et aller chercher des informations partout, qu’il était là en mode qu’est-ce que je fais etc. Ce n’est pas mon truc. Mais au fur et à mesure en l’ayant poussé un peu, je trouve qu’il est en train d’apprécier le métier d’entrepreneur. Il s’est fait pleins de contacts, il va à gauche, il va à droite prendre des renseignements. Et je me dis que ce n’est pas peine perdue alors qu’au départ je me disais que tout le monde ne peut pas de venir entrepreneur il y en a qui ont la fibre et il y en a qui ne l’ont pas. Il y en a qui prennent des risques, il y en a qui ont peur de prendre des risques. Mais tu vois là je pense que c’est le cas concret, lui il n’est pas du tout dedans, et en le poussant et en l’aiguillant sur quelque chose, il commence vraiment à s’impliquer. Donc je pense qu’une fois que les gens ont dépassé la peur, je pense que tout le monde peut entreprendre. Il faut se dire que même si ça ne marche pas, tu auras gagné en expérience. Moi j’ai connu des gens qui sont redevenus salariés, et ça claque toujours de mettre sur son CV qu’on a eu une expérience entrepreneuriale. Après même si ça a coulé ce n’est pas grave parce que c’est courageux de monter quelque chose il n’y a pas beaucoup de gens qui ont ce courage. Même si maintenant c’est devenu un peu à la mode et tout…
Tendresse : Tendance !
Kadi : Même si ça devient à la mode regarde quand même des gens gardent la sécurité de l’emploi, mais il y en a quand même un peu qui se lancent à cent pour cent dans l’entreprenariat en laissant tomber leur sécurité de l’emploi. Surtout même quand tu as une famille, des enfants, il y en n’a pas beaucoup qui ont ce courage.
Mais l’entreprenariat me débloque tellement de choses, d’analyser, d’être plus pertinente, d’apporter des arguments quand il faut. Et ça m’a permis d’apprendre tellement de choses que je n’aurais jamais appris en tant que salariée.
Tendresse : C’est vrai que quelqu’un qui a déjà monté sa boîte et qui retourne dans le monde salarial, ça va prouver sa perspicacité et sa persévérance, son caractère. Et tu vas tout de suite te dire que lui va être un élément très pertinent, au contraire je me dis que si demain je dois chercher un salarié qui a déjà monté une boîte cela va me donner plus envie qu’un autre.
Kadi : En plus dans les débuts, tu es au four au moulin tu apprends tellement de choses.
Tendresse : C’est vrai c’est une école de la vie, tu sais qu’en quelques mois d’entreprenariat j’aurais pu faire 20 ans de salariat j’aurais jamais appris autant que ce soit au niveau professionnel, humain ou mental, car ça te développe ta capacité de réflexion, ton mental, ta force… Et c’est impossible que je revienne en arrière.
Kadi : Oui c’est vrai, pour mon cas j’ai toujours été une vraie bosseuse même quand j’étais salariée, mais l’entreprenariat me débloque tellement de choses, d’analyser, d’être plus pertinente, d’apporter des arguments quand il faut. Et ça m’a permis d’apprendre tellement de choses que je n’aurais jamais appris en tant que salariée. Et être mono tâche c’est quelque chose que je ne supportais pas. Je me rappelle que j’avais un poste dans une boîte au service maritime export chez un transporteur, mais au bout d’un an et demi j’en ai eu marre et je voulais changer de poste. Je me rappelle qu’ils étaient à la recherche d’une personne dans l’aérien et je leur ai demandé si je pouvais aller dans l’aérien sans avoir à changer mon poste actuel qui est dans le maritime. Et tu sais ce que l’on m’a répondu : « On ne déshabille pas Paul pour habiller Jacques. »
Tendresse : Ohhhh ça veut dire quoi ça.
Kadi : Et alors là quand on m’a dit ça, je te propose de travailler sur deux postes et tu me dis ça ! Et dès que l’on m’a proposé un poste dans une société plus petite où je pouvais être plus polyvalente, j’ai accepté directement. Je n’ai pas hésité 1 seconde !
Parce qu’on a explosé tous nos chiffres pendant la période du Covid.
Tendresse : Je comprends. Eh bien revenons en arrière, comment tu as vécu le premier confinement et l’annonce de la crise sanitaire ?
Kadi : Il y a 2 choses, professionnellement je pense que ça a été malheureusement ma plus belle année. Parce qu’on a explosé tous nos chiffres pendant la période du covid. Car tout était dans l’urgence et on ne faisait quasiment que de l’aérien. On n’a emporté des gants pour certaines régions, pour des organismes humanitaires, des laboratoires mobiles. Ça a été une très grosse année. On a fait des chiffres que l’on n’aurait peut-être pas fait s’il n’y avait pas eu le covid… Niveau fatigue on était épuisé, et moi niveau personnel je pétais un câble. Car ce n’est pas le travail qui me gênais le plus mais c’était d’avoir les enfants à la maison 24/24h je n’en pouvais plus. Et en plus il fallait faire la classe et jouer le rôle de la maîtresse. C’était une horreur.
Je pense que j’ai des objectifs qui sont toujours plus haut.
Tendresse : Ah oui ça devait être horrible, très bien, très bien… Est-ce que tu es une personne qui est assez dur au niveau de tes objectifs ? Pourquoi je te demande ça, car dernièrement j’ai eu une amie entrepreneure qui a été cliente aussi. Et elle a fait un poste sur le groupe où elle disait qu’elle avait des périodes extrêmement frustrantes. Elle avait l’impression de ne pas être OK au niveau de ses objectifs. elle avait l’impression de ne pas voir son évolution. Et ça c’est un problème que par exemple moi aussi je vais rencontrer, je voudrais savoir si toi tu le vivais ?
Kadi : Eh bien oui, je pense que j’ai des objectifs qui sont toujours plus haut, j’ai travaillé sur moi mais avant j’avais beaucoup de mal à voir ce que je faisais de positif et de bien. J’avais toujours l’impression que ce n’était jamais assez, et c’est pour cela que d’un côté, l’association est pas mal. Car c’est mon associée qui me disait à chaque fois « non mais tu rigoles ou quoi, ta boîte est rentable depuis un an, tu as fait ceci tu as fait cela »… Mais pour moi ce n’était jamais assez suffisant. Et je me mettais des freins toute seule. je pense que j’avais des objectifs trop haut au départ. Après je ne sais pas si c’est dans la nature humaine ou c’est Le fait d’être entrepreneure, mais c’est vrai qu’on n’est pas toujours satisfait de ce qu’on fait.
Tendresse : C’est vrai, et pour revenir sur ce que tu dis, moi aussi je suis comme ça, j’essaye de faire un travail là-dessus. Je ne me rends pas compte du parcours et c’est souvent des amis qui vont me dire Wah c’est un truc de fou ! Comment tu as fait ? Et même mon conjoint va s’en rendre compte pour moi. Mais comme tu as des objectifs toujours plus haut tu n’es jamais satisfaite, tu avances mais comme tes objectifs sont toujours plus haut tu as l’impression de ne pas avancer.
Kadi : C’est clair c’est exactement ça et c’est souvent les autres qui vont te le rappeler ! Et je pense que l’on a tellement la tête dans le guidon, que tu ne vois pas l’évolution, je l’ai vu par rapport à mon chiffre d’affaires car tous les ans il augmente mais c’est vrai que même quand je le voyais augmenter, je me disais que ce n’est pas assez, et je me disais qu’à chaque fin d’année on allait fermer.
Tendresse : Alors que tu vois l’évolution.
Kadi : Mais oui, parce qu’ à chaque fois on avait une grosse affaire qui tombait et au lieu de me féliciter du chiffre d’affaires et du résultat qu’on a eu je me disais mais peut-être que l’année prochaine on aura pas une grosse affaire alors comment va-t-on faire etc. On va rechuter mais en fait non pas du tout le chiffre d’affaires augmentait et je me mettais des bâtons dans les roues toute seule. Je pense qu’il doit aussi y avoir une question de confiance en soi.
Tendresse : ah oui tu penses ?
Kadi : Oui et je pense aussi qu’il y a souvent le syndrome de l’imposteur, Ou tu ne te sens pas légitime d’en parler. J’irai m’asseoir chez un psychologue pour en parler et pour qu’il me dise (rires)
J’aimerais que mes enfants puissent se battre et faire ce qu’ils veulent, J’aimerais qu’ils prennent exemple… Pas forcément pour devenir entrepreneur mais de se battre et de fouiller tous les jours. T’as besoin de quelque chose ? fouille.
Tendresse : (Rires) Super et sinon pour terminer avec cet échange qui était très pertinent, qu’est-ce que tu veux que tes enfants retienne de toi ?
Kadi : J’aimerais que mes enfants puissent se battre et faire ce qu’ils veulent, J’aimerais qu’ils prennent exemple… pas forcément pour devenir entrepreneur mais de se battre et de fouiller tous les jours. Si t’as besoin de quelque chose fouille. Ce que je déteste le plus c’est quand mes enfants viennent me demander avant même d’avoir cherché eux-mêmes. Je voudrais qu’ils se disent « ma mère était quand même courageuse et qu’elle cherchait toujours à se battre quel que soit le résultat bon ou mauvais il faut se battre dans la vie ». Et moi je pousse mes enfants tous les jours. Je sais que mon fils est bon dans tout ce qui est artistique… je le pousse à chercher et à se dépasser. Et je sais qu’il a un potentiel. Car moi j’ai eu des parents qui se sont battus mais qui se sont contentés de ce qu’ils avaient déjà créé, et moi ce que je voudrais c’est d’aller plus loin, de chercher, de pouvoir se battre un peu plus que ce que mes parents ont fait, j’espère que mon fils ira encore plus loin que moi.
J’aimerais toucher à tout, et l’objectif ce n’est même pas de gagner de l’argent En tant que tel mais c’est d’abord le plaisir de faire des choses.
Tendresse : Exactement je pense exactement comme toi. Super ! quels sont tes futurs projets ?
Kadi : Actuellement j’aimerais tellement faire tout ce que j’ai envie de faire c’est à dire, faire de la couture, de la décoration. J’aimerais toucher à tout, et l’objectif ce n’est même pas de gagner de l’argent En tant que tel mais c’est d’abord le plaisir de faire des choses.
Et j’ai aussi remarqué qu’en France tu as du mal à faire autre chose car quand tu rentres du travail tu es crevée, entre les enfants, courir partout, faire le ménage, la cuisine etc. Tu n’as pas le temps pour toi. Et ça c’est un truc que je ne peux pas… et si je ne fais que travailler dans mon domaine je pète un plomb, il faut que j’ai des activités parallèles qui me font enjoy la vie. Et ça c’est ce que je ne peux pas retrouver en France et c’est pour ça que je suis partie. J’espère qu’en venant ici, je vais pouvoir dégager du temps et faire ce qui m’intéresse. Le métier que je fais actuellement ce n’est pas une passion c’est quelque chose que je sais faire, je ne suis pas née pour ça. Moi ma passion est beaucoup plus artistique que ça et j’aimerais développer cet aspect
Tendresse : Et en pensant créer quoi comme entreprise dans ce domaine artistique ?
Kadi : J’aimerais bien être dans la déco, j’adore ça , tout ce qui est design. J’adore le bois, les meubles… Je serai super heureuse dans la déco, et je pense aussi à un atelier de couture.
Tendresse : Eh oui tu m’avais dit que tu voulais faire pleins de choses, créer pleins de société…
Kadi : Eh bien oui mais mine de rien je suis déjà à ma troisième société, donc ça commence à faire beaucoup car il y en a une en France. Il y en a une autre ici au Rwanda, je suis aussi associée à la société que mon conjoint a monté…
Tendresse : Ah oui ça fait beaucoup d’activités !
Kadi : Oui voilà Mais je voudrais ne pas m’arrêter là.
Tendresse : Non c’est super, eh bien écoute c’était super enrichissant merci beaucoup d’avoir accepté l’échange Kadi !
Kadi : De rien !
Tendresse : Je te souhaite plein de réussite dans tes futurs projets !
Kadi : Merci beaucoup, merci de m’avoir invité !